Recours contre la chasse qui tue (aussi) des humains

Recours contre la chasse qui tue (aussi) des humains

Homicides, blessés graves, tirs en direction des maisons, des voitures… Chaque année en France, la chasse génère quantité de drames et pose de graves problèmes d’insécurité chez les 98% de Français qui ne pratiquent pas ce loisir. Face à l’inaction de l’État qui faillit à mieux encadrer et sécuriser ce loisir mortel, l’association ASPAS et le collectif Un Jour un Chasseur ont engagé le 10 octobre 2023 une action en justice devant le Tribunal administratif de Paris.

Mélodie, Thérèse, Joël, Morgan… Depuis 1990, la chasse a tué plus de quarante personnes en France et en a blessé plusieurs centaines d’autres. Des femmes, des hommes qui n’avaient absolument rien à voir avec ce “sport”, abattus lors de leurs promenades, sur leur VTT, au volant de leur voiture… et même dans leur propre jardin. 

Lors de la dernière saison de chasse, la proportion de bavures à l’encontre des non-chasseurs a connu une augmentation spectaculaire, passant de 13% à 28%* : les chasseurs ont blessé des cyclistes, des randonneurs, des ramasseurs de champignons, des promeneurs du dimanche. Ils ont tiré vers des cavalières, à travers des caravanes, en direction des maisons, des écoles, des jardins, des voitures… Et comme chaque année, dans leur grande majorité ces méfaits sont survenus le week-end (83 % des accidents par arme à feu**).

Il y a aussi des situations très dangereuses qui, parce que ce jour-là il n’y a pas eu de mort, ne sont pas recensées dans les rapports annuels de l’Office Français de la Biodiversité (OFB), organisme chargé d’établir chaque année le bilan accidentogène de la chasse. Ces incidents, traumatisants et rarement médiatisés, sont rendus publics grâce aux témoignages reçus par l’ASPAS et le collectif Un Jour Un Chasseur. La plupart des victimes, par peur de représailles, demandent à rester anonymes en cas de diffusion.

7 Français sur 10 ne sont pas sereins en période de chasse

Selon un sondage IFOP de décembre 2022***, sept Français sur dix ne se sentent pas sereins en période de chasse, un chiffre qui a fortement augmenté au fil des années. Il est totalement inadmissible que dans un pays libre et démocratique comme la France, les citoyens hésitent voire renoncent à sortir se promener dans la nature six mois de l’année, de peur de se prendre une balle ou une volée de plombs. Cette situation ne peut perdurer, et relève de la responsabilité de l’État.     

C’est pour mettre un terme à toute forme d’insécurité liée à la chasse que nos organisations saisissent aujourd’hui la justice, pour mettre l’État face à ses responsabilités. Avec des règles de sécurité plus strictes, un permis plus contraignant, un week-end sans chasse, tant de drames auraient pu être évités. 

À travers le lancement de cette action en justice, l’ASPAS et Un Jour Un Chasseur demandent au Gouvernement de prendre sans délai, les mesures propres à assurer la sécurité et la tranquillité de la population dans le contexte de la pratique de la chasse, en adoptant notamment, pour l’ensemble du territoire, des mesures pertinentes pour limiter les accidents, les incidents et les nuisances en marge des actions de chasse. S’il ne répond pas à leur demande d’ici le 10 décembre, les associations saisiront le Tribunal administratif de Paris d’un recours en carence fautives de l’État fondé sur le non-respect de ses obligations issues des textes internationaux et internes.  

Présentation de l'action en vidéo

Pour appuyer cette action en justice, les associations appellent également toute personne ayant subi un dommage quel qu’il soit, du fait d’une action de chasse à se joindre à la demande formulée au Gouvernement via l’adresse e-mail dédiée. 

“Il n’est pas normal d’avoir peur de se prendre une balle quand on se promène dans la nature… ni même dans son propre jardin ! Une réforme ambitieuse s’impose, avec des règles strictes, nationales, pour que les 98% de Français non-chasseurs puissent enfin se sentir en sécurité par temps de chasse.”

Marc Giraud, porte-parole de l’ASPAS  

DOSSIER DE PRESSE COMPLET DISPONIBLE SUR DEMANDE : presse@aspas-nature.org

* Selon le bilan des accidents et incidents de chasse de l’OFB, Saison 2022-2023
** 33 % le samedi et 50% le dimanche sur les 48 accidents médiatisés recensés par l’ASPAS
*** Selon un sondage IFOP de décembre 2022, 70% des Français ne se sentent pas en sécurité en période de chasse, contre 54% seulement en 2009, et 61% en 2016. Chez les personnes habitant à la campagne, ce chiffre s’élève même à 75%. 

Dernier articles de presse

03.05.2024

La 3e Journée mondiale des blaireaux c’est le 15 mai 2024 !  

Pour mieux faire connaître les blaireaux et alerter sur la cruauté du déterrage, une pratique de chasse toujours légale en France, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) a proposé de faire du 15 mai la Journée mondiale des blaireaux, une initiative soutenue par de nombreux partenaires associatifs*. Après le succès des éditions 2022 […]

19.03.2024

Le loup doit rester une espèce strictement protégée : lancement de la mobilisation citoyenne !

Nos 11 organisations de protection de la nature (WWF, FNE, LPO, UICN, ASPAS, Humanité & Biodiversité, SNPN, SFEPM, Ferus, OPIE, SHF) lancent ce mardi 19 mars une grande pétition citoyenne pour appeler le gouvernement français àrejeter sans ambiguïté la proposition, ni nécessaire ni justifiée, de la Commission européenne visant à abaisser le statut de protection du loup. La […]

09.03.2024

Quels pouvoirs du maire sur la chasse ? L’ASPAS édite un guide pratique

Un maire peut-il limiter la chasse dans une forêt communale ? Peut-il imposer un jour sans chasse ? Peut-il venir au secours des espèces considérées comme “nuisibles” ? C’est pour répondre à ces questions de plus en plus fréquentes que l’ASPAS a décidé de mettre à disposition des élus locaux un guide pratique et juridique, […]

26.02.2024

Un plan mouton qui s’attaque aux loups !

On le redoutait depuis deux mois : le nouveau “Plan national d’actions” (PNA) pour la conservation du loup a finalement été publié par l’Etat à la veille de l’ouverture du Salon de l’Agriculture, sans aucun changement substantiel par rapport au projet dévoilé fin 2023. Alors que l’objectif d’un PNA est en principe de garantir la […]

23.02.2024

Pour une transition écologique, équitable et solidaire de notre agriculture et de notre alimentation

A la veille du Salon de l’agriculture, nos 12 ONG réunies au sein du collectif Cap Nature & Biodiversité dénoncent la volonté de faire de l’écologie le bouc émissaire de la crise agricole, et demandent l’élaboration concertée de solutions associant la protection de l‘agriculture à celle de l’environnement. En 40 ans, l’Europe a perdu 800 […]