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Mise à jour des perspectives de 2023 pour les secteurs bovin et porcin : La forte demande de viande rouge ne suffira probablement pas à sauver les producteurs de porcs de l’Est canadien

16 mai 2023
7,5 min de lecture

Il s’agit de la première mise à jour trimestrielle de nos perspectives de 2023 pour les secteurs bovin et porcin publiées en février. Au cours des deux dernières semaines, nous avons mis à jour nos perspectives pour le secteur laitier et les principales cultures.

Les prix des bovins en 2023 devraient être plus élevés d’une année sur l’autre et supérieurs à la moyenne quinquennale, en raison de la réduction du cheptel nord-américain qui a entraîné des défis en matière de production de viande bovine. Nos prévisions pour la période envisagée ont toutes été revues à la hausse depuis nos perspectives de février (tableau 1*).

Les projections de rentabilité pour l’élevage de vaches et de veaux sont également positives, grâce à des revenus attendus en hausse et à des coûts moyens en baisse d’une année sur l’autre. Les marges en 2023 devraient être supérieures à la moyenne sur cinq ans, et ces perspectives positives s’étendent bien au-delà des trois prochains mois. Les marges des parcs d’engraissement augmenteront probablement cette année pour se rapprocher du seuil de rentabilité, et certains éleveurs de bovins semi-finis devraient afficher un bilan positif, après des années de pression sur la rentabilité. La baisse des coûts des aliments pour animaux dans l’Ouest contribuera également à accroître les marges dans cette région.

Tableau 1 : Les prix des bovins augmentent grâce à des facteurs haussiers alors que l’incertitude et les mauvaises nouvelles assombrissent le secteur porcin

Tableau indiquant les prix prévus pour les bouvillons de l’Alberta et de l’Ontario et les porcs de marché et d’engraissement de l’Ontario et du Manitoba.

Sources : Statistique Canada, AAC, USDA, Canfax, CME Futures et calculs effectués par FAC

* En raison d’un changement de méthodologie, les données utilisées dans nos perspectives de février ne peuvent pas être directement comparées aux données de ce tableau.

Dans la foulée de la grande nouvelle d’Olymel au Québec, les perspectives des prix du porc se sont affaiblies depuis février. Les prix des porcs de marché de l’Ontario ont chuté par rapport aux sommets atteints en 2022 et se situent maintenant plus près de leur moyenne sur cinq ans. Les prix des porcs d’engraissement de l’Est et de l’Ouest ont baissé en glissement annuel et restent inférieurs à leur moyenne sur cinq ans. Dans l’Ouest, les prix des porcs du Manitoba prêts à être commercialisés ont également diminué d’une année sur l’autre, mais restent supérieurs à la moyenne. Nous nous attendons à ce que les prix des porcelets sevrés fléchissent sur douze mois et se situent en moyenne en dessous de leur moyenne sur cinq ans. En somme, la volatilité est au rendez-vous pour le secteur.

La rentabilité des porcelets sevrés devrait augmenter en 2023, pour se rapprocher du seuil de rentabilité ou être positive. Les marges des exploitations de naissage-finition de l’Ouest resteront positives, tandis que les marges de l’Est diminueront d’une année sur l’autre pour la deuxième année consécutive en raison de la baisse des prix et des coûts des aliments pour animaux qui sont relativement plus élevés que dans l’Ouest.

Tendances à surveiller en 2023

La contraction du cheptel bovin nord-américain, les coûts élevés des aliments pour animaux et la demande de viande rouge sont les trois principaux facteurs à surveiller que nous avons cernés en février. Cependant, la fermeture de l’usine d’Olymel à Vallée-Jonction arrive en tête de liste pour les marchés porcins de l’Est du Canada. Les producteurs de porcs de l’Est n’auront pas la même capacité d’abattage à combler, et la réduction du cheptel porcin québécois devrait atteindre un million de têtes. Un nouvel accord de commercialisation des porcs au Québec fera baisser les prix à la production et introduira des options de partage des profits entre les transformateurs et les producteurs.

Les coûts des aliments pour animaux continuent de baisser

Puisque la Russie menace de refuser de renouveler l’accord de la mer Noire qui faciliterait les exportations de céréales pendant la guerre en Ukraine, la baisse des coûts des aliments pour animaux prévue en 2023 pourrait être remise en question. Toutefois, les prix à ce jour et ceux prévus pour l’année accordent un répit aux éleveurs canadiens.

Tableau 2 : Baisse des prix d’une année sur l’autre pour contribuer à atténuer les pressions sur les marges

Tableau des prévisions des coûts des aliments pour animaux.

Sources : Statistique Canada, AAC, USDA, Canfax, CME Futures et calculs effectués par FAC

Ce répit aura un effet direct sur la rentabilité des éleveurs de bovins (figure 1). La disponibilité d’une bonne récolte de céréales fourragères en 2022 a contribué à l’amélioration des marges cette année-là. La rentabilité devrait s’améliorer à mesure que les coûts des aliments pour animaux continueront à baisser au cours du premier semestre de 2023.

Figure 1 : Les prix des aliments pour animaux ont une incidence directe sur la rentabilité des bovins

La figure 1 montre l’incidence des aliments pour animaux achetés et celle des aliments pour animaux cultivés sur place sur la rentabilité des producteurs.

Sources : Canfax, AFSC, calculs effectués par les Services économiques FAC

L’effet sur la rentabilité des producteurs qui cultivent leurs aliments pour animaux est encore plus prononcé dans un environnement où le coût de l’alimentation est élevé. La production d’aliments pour animaux à la ferme a eu une incidence significative et constante sur les marges depuis 2021.

La vigueur actuelle de la demande de viande bovine continue de stimuler les facteurs fondamentaux du marché des bovins

La contraction du cheptel bovin nord-américain devrait ralentir à mesure que les conditions s’améliorent dans les champs et sur les marchés. Néanmoins, en avril, l’USDA a revu à la hausse ses prévisions pour la production nationale de bœuf de 2023 (à 26,8 milliards de livres), sur la base d’un nombre plus élevé que prévu de bêtes abattues au deuxième et au troisième trimestres. Le rapport du 1er mars sur les bovins d’engraissement a montré une diminution correspondante des stocks dans les parcs d’engraissement, soit de plus de 4 % d’une année sur l’autre. Au Canada, l’abattage a diminué de 2,2 % dans les abattoirs sous inspection fédérale en glissement annuel au 22 avril. Le rapport Canfax sur les bovins d’engraissement pour le 1er avril montre une baisse des stocks de 9 % sur douze mois, avec des baisses constantes d’une année sur l’autre chaque mois depuis août 2022. Les prix des bovins gras, qui sont l’un des résultats d’une demande de viande bovine constamment élevée, reflètent ce mouvement dans le système.

Les États-Unis entrent dans leur saison la plus active pour la demande de viande bovine avec les festivités de la fin de semaine du Memorial Day, qui contribuent à l’augmentation actuelle du nombre d’animaux abattus dans ce pays. Toutefois, des facteurs baissiers tels que le ralentissement de la croissance économique et la hausse des taux d’intérêt sont susceptibles de peser sur la demande à venir, tant aux États-Unis qu’au Canada, étant donné que les dépenses discrétionnaires passent après le remboursement de la dette. La demande chinoise de viande bovine devrait être forte [en anglais seulement] à mesure que le pays continue de s’affranchir des restrictions économiques liées à la pandémie, ce qui soutiendra les prix mondiaux de la viande bovine. D’après le cabinet McKinsey & Company [en anglais seulement], on observe en Chine une tendance à délaisser la consommation de porc au profit de la viande de bœuf, considérée comme plus avantageuse, de meilleure qualité et plus saine, même si le porc reste la viande de prédilection du pays.

Le marché chinois de la viande rouge met en évidence les divergences que nous observons dans la demande de bœuf et de porc (figure 2). L’indice de la demande de viande des Services économiques FAC montre les différentes trajectoires de la demande canadienne pour les deux viandes rouges.

Figure 2 : Les différentes influences de la pandémie sur la demande de viande bovine et porcine

La figure 2 montre la baisse de la demande de viande de porc alors que la demande de viande de bœuf et de poulet continue d’augmenter.

Source : Statistique Canada

Les Canadiens préfèrent toujours la viande de bœuf malgré les prix élevés; en effet, la demande de viande de bœuf augmente de façon constante depuis 2013. Mise à part sa hausse en 2015, l’indice de la demande de porc était très similaire à celui du bœuf jusqu’en 2019, date à laquelle il a commencé à chuter. Tout au long de la pandémie (entre 2020 et 2022), le revenu disponible et la demande refoulée ont profité à la chaîne d’approvisionnement des bovins tout en réduisant la demande de viande de porc. Toutefois, les prix du porc sont inférieurs à ceux du bœuf et du poulet, ce qui, toutes choses étant égales, devrait orienter la consommation vers la viande de porc.

En conclusion

La demande de viande rouge devrait être forte pendant la première moitié de la période considérée et pendant une bonne partie de la seconde moitié, lorsque commencera la saison des barbecues au Canada. La demande étrangère est également vigoureuse, bien que le Canada ne soit pas un grand exportateur de viande vers la Chine, comme le sont les exportateurs d’Amérique du Sud, des États-Unis et des pays océaniques. Mais même une bonne saison des barbecues ne suffira pas à compenser les changements majeurs survenus dans la production porcine de l’Est.

Martha Roberts

Rédactrice économique

Membre de l’équipe des Services économiques depuis 2013, Martha Roberts est une spécialiste en recherche qui étudie les risques et les facteurs de réussite pour les producteurs agricoles et les agroentreprises. Martha compte 25 années d’expérience dans la réalisation de recherches qualitatives et quantitatives et la communication des résultats aux spécialistes de l’industrie. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et d’une maîtrise en beaux-arts en écriture non fictive de l’Université de King’s College.