Le prix des carburants a atteint un nouveau record, trois ans après le précédent pic d’octobre 2018, qui avait servi de catalyseur à la crise des « gilets jaunes » :
- le litre de gazole à la pompe, pour la semaine du 1er au 8 octobre, s’élevait à 1,5354 euro, soit 0,23 centime de plus que le record établi il y a trois ans – mi-octobre 2018, il culminait à 1,5331 euro ;
- l’essence (sans plomb 95) affiche aussi un record à 1,6332 euro le litre en moyenne la semaine dernière, surpassant le pic de 2018, sans toutefois arriver au record de 1,6664 euro le litre, atteint en avril 2012.
Comment s’explique cette hausse ? Quelle est la part de taxes dans les prix à la pompe ? Est-ce un record historique ? En attendant des annonces du gouvernement sur la question, voici nos explications.
Le prix des carburants a fortement chuté dès le début de la pandémie de Covid-19, à partir de février 2020, avant de retrouver le niveau d'il y a trois ans en septembre.
Oui
Un peu
Plus du tiers de l'augmentation des prix est lié à la hausse des taxes depuis mai 2017. En revanche, depuis mai 2020, seuls 16 % de la hausse du prix sont liés à l'augmentation des taxes.
Pourquoi les taxes sont-elles si élevées ?
D'abord pour supprimer l'avantage fiscal du diesel.
En 2013, il était moins taxé que l'essence (- 20 cts/l). Il devait l'être autant en 2021, mais suite à la crise des « gilets jaunes », ce rééquilibrage a été gelé.
Mais le diesel pollue moins que l'essence, non ?
On entend souvent que les véhicules diesel consomment moins de carburant, ce qui leur permet de rejeter moins de CO2 que les voitures à essence (même si certaines sources sont plus nuancées).
Mais ce n'est pas vrai pour tous les types de pollution. Les véhicules diesel, en particulier les plus anciens, émettent plus de particules fines dans l'air. Ils seraient les principaux responsables des 48 000 morts provoqués chaque année en France par cette pollution.
Non
Pour l'essentiel
Principale composante de l'augmentation des prix, la hausse des coûts hors taxes. Depuis 2017, leur part contribue de 57 % à 68 % des prix à la pompe. Depuis mai 2020, cette part atteint 84 %.
Mais pourquoi cela augmente, alors ?
A cause du prix du pétrole qui grimpe en flèche.
Le prix du baril a été multiplié par quatre depuis avril 2020. Cela se répercute naturellement sur le tarif à la pompe.
C'est vrai si l'on regarde le cours du baril en dollars. Mais il faut tenir compte du taux de change euro/dollar, qui a beaucoup varié.
En euros, le cours du pétrole se rapproche désormais des sommets atteints en 2012.
Et les raffineries et les distributeurs, ils ne se font pas de marge ?
Si, mais elles ne sont pas responsables de la hausse des prix.
Il y a deux types de marges :
- Celles des raffineries, qui ont été fortement réduites ces dernières années, et divisées par deux depuis 2019 (de 2,4 à 0,8 cts/l).
- Celles des distributeurs ont augmenté progressivement depuis cinq ans (+ 5 cts/l) et sont de l'ordre de 16 cts/l en moyenne en 2021.
Le prix du carburant :
Là aussi, seulement en partie. Les taxes représentent depuis longtemps plus de la moitié des prix à la pompe pour l'essence :
La proportion des taxes a davantage augmenté pour le diesel, en raison du « rattrapage » de fiscalité entamé en 2014. Mais elles étaient déjà importantes il y a dix ans :
33,1 milliards d'euros
Ce sont les recettes totales de la TICPE, principale taxe sur le carburant, estimées pour 2021.
Elles sont réparties entre...
A partir de 2016, une partie de cette taxe (7,2 milliards d'euros) était directement fléchée pour financer la transition écologique. Depuis le 1er janvier 2021, cette affectation directe a été supprimée dans le cadre d'une refonte budgétaire. Elle est depuis réaffectée au pot commun du budget de l'Etat.
Pas plus qu'avant
Il est clair que la flambée récente des prix pèse sur le portefeuille des ménages. Mais rapporté au pouvoir d'achat ou au salaire minimum de l'époque, le coût de l'essence n'est pas à son plus haut niveau historique – loin de là.
Travailler une heure de smic permet actuellement d'acheter plus de six litres d'essence, contre seulement trois litres il y a 40 ans.
Et ailleurs en Europe ?
La France se situe bien dans le haut du panier en termes de prix et de niveau de taxation, mais pas dans des proportions démesurées.
Les taxes représentent en effet 50 à 70 % du prix des carburants dans l'ensemble des pays membres de l'Union européenne.
Cet article est une mise à jour du Petit manuel à lire avant de débattre du prix des carburants, publié en novembre 2018.
Contribuer
Réutiliser ce contenu