Opinion | Euro numérique : vers une renationalisation de la monnaie Contenu réservé aux abonnés
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Sous le vocable d'« euros digitaux », la BCE semble en réalité préparer une sorte de nationalisation de la monnaie européenne, observe Bruno Colmant, membre de l'Académie royale de Belgique.
Par Bruno Colmant (professeur à l'Université catholique de Louvain)
La monnaie est créée par les banques centrales, qui frappent les pièces et impriment les billets. Celle-ci n'est pourtant qu'une partie modique de la masse monétaire globale. La monnaie est essentiellement générée par les banques commerciales grâce au « multiplicateur du crédit bancaire ». L'octroi d'un prêt exige de récolter un dépôt. Ce même prêt générera d'autres dépôts, qui permettront à leur tour de nouveaux octrois de prêts, etc. Les banques commerciales sont des entreprises qui fabriquent elles-mêmes leur propre matière première. La monnaie est donc un stock et un flux.
Si cette réalité accompagne la spontanéité du capitalisme, certains économistes, comme Fisher (1867-1947), en ont contesté le fondement. Ce père de l'Ecole quantitative américaine était convaincu que la monnaie ne pouvait être qu'un stock de biens publics et qu'il fallait en déposséder les banques commerciales de la fabrication.
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